Les
places de marché virtuelles ont-elles vraiment de l'avenir
?
Après
les récentes montagnes russes du Nasdaq, l'avenir des
marchés virtuels devient plus incertain pour les analystes.
Au delà du B to C, qui concentre la plupart des avis
dans le sens d'un retour à la normale par rapport à
son surdimensionnement actuel, le devenir du B to B suscite
des avis divergents. Deux études indépendantes
viennent d'être publiées à ce sujet, l'une
positive réalisée par le cabinet d'études
californien Keenan Vision, l'autre plus circonspecte émanant
de la société AMR Research.
Selon l'étude réalisée par Keenan Vision,
les transactions générées par les places
de marché B to B devraient représenter 1.700 milliards
de dollars en 2004 aux Etats-Unis au lieu de 47 milliards
de dollars en 2000, soit 14,3 % du montant global des
échanges inter-entreprises. Le nombre de ces plates-formes
devrait également passer d'environ 1.000 cette année
à 4.070 en 2004.
AMR Research, de son côté, s'intéresse
à la partie indépendante du marché, c'est-à-dire
les sites B to B sectoriels exploités par des sociétés
dont c'est le métier, à forte dominante de start-ups
technologiques, et non par les grands acteurs de ces secteurs.
Pour le cabinet d'études international, la multiplication
des initiatives de lancements secteur par secteur aura raison
des plus faibles d'ici deux ans. Au même titre que les
"dot.com companies" du B to C, 85 à
90 % des start-ups du B to B devraient péricliter
avec leurs places de marché d'ici la fin de l'année
prochaine, en raison de la concurrence acharnée. Le
nombre de ces dernières chuterait d'un peu plus de
600 à l'heure actuelle, à moins de 100
fin 2001. Chaque secteur devrait ainsi s'organiser autour
de 2 à 4 plates-formes, les suivantes étant
vouées à être incorporées au sein
des premières, ou tout simplement à mettre la
clef sous la porte.
Keenan Vision différencie les plates-formes d'entreprise,
gérées par un ou plusieurs grands groupes, de
celles dites entrepreneuriales, prises en charge par des sociétés
indépendantes qui fournissent dessus des services à
valeur ajoutée. Le cabinet d'études s'avoue
circonspect à propos des premières, qui selon
lui, par une conjonction de plusieurs facteurs, ne profitent
pas autant que les secondes tant aux fournisseurs qu'aux acheteurs.
Les services à valeur ajoutée devraient ainsi
représenter un marché de 129 milliards
de dollars en 2004. Keenan Vision prédit donc que les
start-ups du B to B auront toujours un rôle à
jouer, même si leur nombre diminuera aux dires d'AMR
Research.
Le cabinet californien introduit également le concept
du B-to-X, ou Business-to-eXchange, qui regroupe l'ensemble
de ces services à valeur ajoutée, comme la gestion
de contenu, de la logistique, des relations, etc. Les start-ups
spécialisées dans ces technologies B to B pourraient
ainsi évoluer vers le modèle ASP de la location
d'applications ou de services en ligne. Pour Keenan, leur
avenir serait assuré si elles savent mettre en place
des hubs d'intégration entre plusieurs plates-formes.
Mais le marché n'en est qu'à ses débuts
et l'avenir reste incertain. Les deux études difficilement
conciliables semblent là pour le prouver. [François
Morel, JI]
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