Idealx lève 6 MF pour professionnaliser le logiciel libre

"On reproche à l'Open-Source de manquer de garanties, les logiciels commerciaux n'en présentent pas davantage !", s'exclame Nat Makarevitch, co-fondateur de la jeune start-up Idealx qui vient de se lancer sur le marché Linux/Open Source. "Les garanties ne protègent pas contre les dysfonctionnements éventuels, poursuit-il, les seuls engagements portent sur les services annexes en terme de moyen ou de fin." Fort de ce postulat, la société a décidé de placer son savoir-faire au service de "cette noble cause": promouvoir l'Open Source grâce à un bouquet de services sécurisant les clients lors du déploiement. Le projet de création en gestation depuis fin 99 est né de l'union de deux experts du sujet : Paul Guillet, précédemment gérant de Khéops (revendeur des distributions Red Hat), structure désormais intégrée à Red Hat France et Nat Makarevitch, ancien directeur technique des éditions O'Reilly et animateur du site www.linux-france.org.
La SSII a fait appel à deux capitaux risqueurs Seeft Ventures et Bianca Finance qui ont apporté 6 millions de francs (soit environ 20% du capital). Les activités seront axées principalement sur les services: déploiement, intégration, configuration de solutions open source, régie de personnels et forfaits de développement, accompagnement et veille technologique. "Les services sont à l'heure actuelle une activité plus profitable que la distribution à proprement parler. En particulier sur le long terme où ils génèrent une rentabilité financière plus grande (relation client-fournisseur plus pérenne)", estime Nat Makarevitch.
Pourtant la société ajoute une autre corde à son arc qui lui permet de se différencier d'autres SSII concurrentes telles que Alcôve : le développement sur mesure de logiciels open-source (dont le code source sera publié sur son site). "Nos ingénieurs consacreront une fraction de leur temps à cette seconde activité qui nous semble importante pour la progression du mouvement open source et ce, sans contraintes (en fonction de leurs motivations et de leurs affinités)", appuie le fondateur. Le management des ressources humaines est en effet un sujet sensible aux yeux de la SSII. "Nous souhaitons responsabiliser au plus nos équipes (télétravail...) et adopter des process méritocratiques. En outre, nous favoriserons une grande transparence des salaires. Sur le plan des profils, place à l'éclectisme : multi-compétences bienvenues, sans pour autant exclure quelques hard-core indispensables." Un second tour de table d'une valeur d'environ 20 millions de francs est envisagé d'ici 6 mois dans le cadre de l'expansion européenne de la société.
Le CA espéré pour le premier exercice 2000 est évalué entre 30 et 50 millions de francs.
La société bénéficie de la confiance de 5 clients qui ont d'ores et déjà signé...et plusieurs dizaines de prospects.
Dot com communautaires ou marchandes mais aussi grands comptes (telco, militaire...). "Nous ne voulons pas nous cantonner à des clients techniques et accompagner, par exemple, les industriels dans leurs migrations vers les systèmes libres pour le contrôle de leurs processus ou des lignes de production", conclut Nat Makarevitch.
[Alexandra Bissé, JI]