Microsoft aborde l'année 2000 avec une solide
part de marché, aussi bien auprès des
PME que des grands comptes. Pourtant l'éditeur
prévoit de nombreuses solutions et veut donner
la preuve par l'exemple: Microsoft ça marche.
Vraiment ?
Propos recueillis le 10 février 2000 par Alain
Steinmann
JI:
Comment se positionne Microsoft France sur le vaste
marché de l'e-business?
Jean-Yves Grisi: Nous sommes clairement des fournisseurs
de plate-forme, de l'OS à la base de données
en passant par les sites Web avec SiteServer par exemple.
Mais de facto, le marché nous fait jouer un rôle
qui va au delà de notre positionnement stratégique
et nous pousse vers l'éducation et le conseil. Nous
avons ainsi développé une petite entité
de conseil sur la mise en oeuvre de solutions.
Qui
sont vos clients ?
Nous
touchons une grande cible: aussi bien les grands comptes
avec des sites comme ceux de la Fnac qui sont réalisés
à 100% avec des technologies Microsoft que des start-ups
comme Clust ou des "click and mortar" tels que
18heures ou Ze Project. Pour les PME, nous travaillons essentiellement
via nos partenaires et notre part de marché s'élève
à 35% environ. Prenez le Top 20 de Benchmark Group,
9 sites utilisent Windows NT et 8 Commerce Server.
Microsoft équipe beaucoup
de PME. Est-ce leur rendre service que de leur vendre des
technologies et laisser espérer un miracle ?
Nous ne nous contentons pas d'apporter une technologie,
nous avons aussi un discours de time to market et nous essayons
de répondre aux attentes des clients. Par exemple
sur la promotion, nous proposons aux PME d'utiliser la technologie
LinkExchange que nous avons importée en France. Les
grands comptes peuvent compter sur des partenariats avec
MSN.
Allez
vous proposer des modules de personnalisation, syndication
etc. pour vos serveurs Web ?
Nous
allons continuer à rajouter des briques de base à
Commerce Server mais nous n'avons pas vocation à
remplacer ce que vont faire les éditeurs qui apportent
du fonctionnel. La personnalisation devient une fonction
de base, de même que l'indexation, la gestion des
paniers ou des publicités, des éléments
que l'on trouve déjà dans Commerce Server.
Sur
quelle "brique de base" misez vous cette année
?
Ce
qui va être important, c'est Biztalk, notre serveur
XML permettant à différentes parties d'échanger
des bons de commandes standardisés. Le business to
business va devenir super clé et c'est pourquoi nous
misons dessus. Biztalk devrait être disponible au
cours du 3ème trimestre 2000. Il faut appréhender
ce produit comme une technologie de base, une tuyauterie
qui permet d'échanger. Rien à voir donc avec
mySAP.com par exemple.
Autre
nouveauté: SQL 2000... d'ailleurs quoi de neuf?
Le
développement de SQL 2000 a suivi deux axes. Tout
d'abord, nous voulions permettre la montée en puissance
pour les sites dont le trafic explose. Ensuite, nous avons
apporté de nombreuses améliorations aux fonctionnalités
de la partie décisionnelle.
Mais je tiens à vous signaler que contrairement
à ce que Jimmy
Anidjar vous disait récemment, les outils
Microsoft -et notamment SQL- sont capables de gérer
de grosses bases. Ce n'est pas pour rien que Wstore
ou Clust nous ont choisis. De toute façon,
le commerce électronique ce n'est pas une base
de données, c'est une offre complète.
Le premier besoin des sociétés est d'aller
vite dans la compréhension de ce qu'il faut
faire, pas sur la mise en place technologique.
Linux
est-il un concurrent pour vous, comment vous positionnez
vous par rapport à l'open source ?
Nous
reconnaissons que Linux est une réelle concurrence.
Mais les entreprises qui veulent adopter des solutions
de gestion vont se poser la question plusieurs fois
avant de changer toute leur plate-forme. Nous sommes
présents dans les sociétés, Linux
ne l'est pas encore véritablement.
Vos
produits sont pourtant souvent critiqués pour être
peu sécurisés...
En
sécurité, ce n'est pas cela qui nous pose
le plus de problèmes. Nous travaillons beaucoup plus
sur des problématiques de montée en puissance.
Nos environnements de développement permettent de
bâtir rapidement des applications mais les développeurs
ne respectent pas toujours nos préconisations. Nous
envoyons ainsi de nombreux consultants dans les entreprises
pour éviter les problèmes ou refondre des
architectures. Nous nous devons d'alerter plus particulièrement
les start-ups car les grands comptes y pensent généralement.
Autre
problème: l'hébergement. Quand on sait
que certains hébergeurs entassent 500 sites
sur une même machine sur NT...
Oui,
c'est un point très important car les clients ne
voient que le résultat. Si votre site Web hébergé
sous NT est lent, vous allez vous plaindre de NT et pas
des pratiques de votre hébergeur. Mais c'est un problème
général: c'est toute l'industrie qui devrait
réfléchir à un label de qualité.
Quels
conseils donner aux entreprises qui veulent mettre en
place une stratégie e-business ?
C'est la rapidité,
le réflexion en terme de "time to market".
Il faut lancer quelque chose relativement rapidement,
apprendre en l'exploitant et le faire grossir au
fur et à mesure. Quoi qu'il en soit, prenez
un nom c'est essentiel. Ne faites pas de plan sur
la comète pendant un an sans agir. Lancez
vous et engrangez des expériences
Quels
sont vos axes de développement pour cette année ?
Sûrement mieux nous
faire connaître car l'e-business tout le monde
en parle mais notre part de voix n'est pas aussi
haute. Nous allons augmenter notre visibilité
en donnant la preuve par l'exemple, toujours avec
le concept de time to market. Notre deuxième
axe sera la montée en puissance sur Biztalk
en démontrant les apports de Microsoft sur
le B2B. Enfin, nous allons nous concentrer sur une
nouvelle version de Commerce Server pour le deuxième
semestre 2000.
Ingénieur
diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications
et titulaire d'un MBA de l'INSEAD, Jean-Yves Grisi
a rejoint Microsoft France en 1991. En 1995 il s'est
vu confier la direction marketing et commerciale
de l'activité PME/PMI où il a acquis une expérience
des circuits de distribution, notamment à valeur
ajoutée, ainsi que du marketing clients à l'attention
des PME. En 1997, Jean Yves Grisi a été nommé directeur
de la nouvelle division solutions d'entreprises.
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